11Mémoire.S Biographies

Biographie animée

Trois époques, trois femmes

Raconter à partir d’archives familiales > Exemples

Exemple Julia Exemple Marie Exemple Ysé

Ysé, « petite Poucette », comme dit Michel Serres, est le témoignage d’amour d’une mère pour sa fille, née vietnamienne mais devenue française. Ultra-connectée, elle se sent européenne et citoyenne du monde. Les frontières spatiales sont abolies ; les obstacles à franchir sont d’un autre ordre : comment laisser vibrer qui l’on est profondément ? Comment respecter l’autre dans sa différence et continuer à s’entendre dans le bruit que fait le monde ? Comment créer l’harmonie sur une planète à bout de souffle ?

Ysé

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11Notre rencontre à Saigon, 5 janvier 1998
11Doudou chapeau jaune
  1. Notre rencontre à Saïgon, 5 janvier 1998
  2. Bonnet jaune, l’inséparable, ton premier doudou
  3. Faire-part de naissance
11Bonnet jaune, l’inséparable, ton premier doudou
11Tu veux copier ton père ; finalement, à huit ans, tu choisiras le clavecin
11Premier jour de ta première rentrée scolaire
  1. Tu veux copier ton père ; finalement, à huit ans, tu choisiras le clavecin
  2. Premier jour de ta première rentrée scolaire
11Art brut

Les petits mots de l’enfance

Un réopard (un léopard)
Marcher avec les fesses pieds nus
Je vais m’étousser (m’étouffer)
Manger au toroute (manger dans un restaurant sur l’autoroute)
La bourette (la brouette)
Des dessins allumés (des dessins animés)
Parque parque parque (parce que)
Des patins à roller (patins à roulettes)
Les boucles d’oreilles (les bouchons d’oreille Ear)
Faire de la ragougnasse (une espèce de mélange douteux, on pourrait dire aussi de la bouillasse)
Des sucres d’orge (des soutiens-gorge)
Aller au pestacle au jardin du Lustembourg (le spectacle au Luxembourg)
Le Menu opathie (l’homéopathie)
Papi bœuf day (happy birthday)
Un Tacalogue (un catalogue)
Je fais de la coutoire (couture)
Je suis une bonne ménageuse (ménagère)
Du beurre fané (salé)
La lappe (femelle du lapin)
Pssss, j’ai encore quelque chose à te dire (P.-S. pour post scriptum)

11Miss Fifield, baptisée et adoptée par toi. Et dire que tu lui parles de nous en nous appelant Papi et Mamie !
11Tu ne rigoles pas avec l’heure des repas
  1. Miss Fifield, baptisée et adoptée par toi. Et dire que tu lui parles de nous en nous appelant Papi et Mamie !
  2. Tu ne rigoles pas avec l’heure des repas
11Arrosage d’été
11Plante aquatique
Lettre au maire, tu as six ans

Premières revendications

« Madame le mers je trouve que devan l’école élémanter de maintenon il y à des crotte de chien partou. Pourier vou faire des pano ou je ne c’est pa coi parceque il y a teleman de jens sur le trotoire que nou devon désandre et marcher dans la crotte de chien et les cartable à roulette roule dedan, je trouve sa inademisible. »

  1. Arrosage d’été
  2. Plante aquatique
  3. Boîte à idées
  4. Une de mes photos préférées de toi
  5. Bâtir et rebâtir
  6. Tu as toujours aimé écrire, jusqu’à ce que les écrans te happent
  7. Rififi sur le sable, pour rigoler
11Boîte à idées
11Une de mes photos préférées de toi 
11Bâtir et rebâtir
11Tu as toujours aimé écrire, jusqu’à ce que les écrans te happent
11Rififi sur le sable, pour rigoler

Inventaire surréaliste pour mon Papounet

Le bleu de tes yeux La mer d’Erquy Le bois du violon Moi cachée sous mes draps Les câlins dans tes bras Les discussions La peur quand tu hausses la voix Tes recettes bizarres que tu improvises totalement Tes raccourcis qui rallongent Les soupes que tu détestes Les petits gâteaux achetés le dimanche matin à la boulangerie Le cinéma avec toi Les musées où on va ensemble La fierté que j’ai quand tu es sur scène pour un concert La radio très tôt le matin Le sel que tu oublies de mettre dans les plats L’odeur du papier d’Arménie qui nous envahit Mes cheveux emmêlés que tu arraches sans merci pour me coiffer Mes chignons de danseuse que tu n’arrives pas à faire Tes énervements en voiture et moi qui dis « klaxonne ! » Et ré ré mi fa ré do si la fa ré mi fa sol fa mi ré si… Devine !

11L’équitation, ta passion, jusqu’à ce que tu fasses une belle chute
11Ton premier voyage au Viêt Nam, à huit ans

Le Rappel des oiseaux, de Rameau, joué à l’un de tes examens de clavecin

  1. L’équitation, ta passion, jusqu’à ce que tu fasses une belle chute
  2. Ton premier voyage au Vietnam, à huit ans
11Bretagne encore
11Et toujours
  1. Bretagne encore…
  2. …et toujours

Pendant ma première année au collège, j'ai appris que :

La vie n’est pas toujours juste,
Il ne faut pas embêter plus fort que soi,
Il ne faut pas non plus qu’on nous manque de respect,
Je n’aimais pas la prof d’allemand,
Les vrais amis sont ceux qui savent nous écouter et nous comprendre,
Il faut profiter des choses tant qu’on les a, car les bonnes choses s’en vont vite,
Les gens différents sont, soit très aimés, soit détestés,
Tout le monde n’est pas égal, il y a des gens plus importants,
Pour avoir de belles choses il faut faire des efforts,
Le temps est précieux, il ne faut pas le gâcher,
Dans la vie, tu ne peux pas forcer les gens à t’aimer,
Parfois les gens ont des réactions bizarres, il ne faut pas chercher à savoir pourquoi,
Dans la vie, il est plus facile de se détester que de s’aimer.

Il y a, je pense, beaucoup de choses que j’ai oubliées, mais j’ai appris et j’apprendrai encore beaucoup.

11Ma sauvageonne
11Jeune fille, déjà
  1. Ma sauvageonne
  2. Jeune fille, déjà

Ce que j’aimerais faire en famille

(14 ans)

manger

aller

louer

Manger de bonnes glaces Berthillon
Aller à l’exposition La Comédie-Française s’expose au Petit Palais
Louer le DVD du film Titanic

chercher

s’entendre

retrouver

Chercher un centre équestre
Bien s’entendre
Retrouver un équilibre !

se balader

voir

regarder

Se balader au jardin des Tuileries
Aller voir Intouchables au cinéma
Regarder Fais pas ci, fais pas ça

aller

visiter

retourner

Aller à l’expo Game story
Visiter le Mémorial de la Shoah
Retourner au Musée vivant du Cheval

11Cour de collège, à quelle bande appartenir ?
11Premier mascara
11Lycée à Paris, tu découvres le pass Navigo, tu agrandis ton périmètre
11Tes grandes copines
11Femme, déjà
  1. Cour de collège, à quelle bande appartenir ?
  2. Premier mascara
  3. Lycée à Paris, tu découvres le pass Navigo, tu agrandis ton périmètre
  4. Tes grandes copines
  5. Femme, déjà

Certains matins

Ysé

Ysé se lève. Quelle tête elle a ? Six pieds de long ; vite, aux abris !
Plus de café, zut, ça ne va rien arranger !
Ah ! Quoi ? Elle vient de poser son vernis et elle ne peut rien toucher sans en mettre partout ?
Pourtant, elle est pressée, archi pressée ! À la bourre, c’est sa rengaine.
« Je suis à la bourre, je n’ai pas le temps de déjeuner, où j’ai mis mes clés ?
Tu n’as pas vu mes clés, et mon pass Navigo ? Je voulais mettre mon jean gris mais il n’est pas encore lavé et, d’ailleurs, je n’ai pas assez de pantalons.

Les filles

Les filles de l’école me regardent comme si j’étais une pauvre fille. Ça va bien ce pull avec ce jean ? Non, en fait, c’est moche, je me déteste comme ça, je vais me changer ; mais je suis à la bourre. Et les trains, ils marchent ? Tu peux vérifier ? Quel temps il va faire aujourd’hui ? Gris ? Ça me fiche de mauvaise humeur, rien que d’y penser ! Non, je ne sais pas où j’ai mis ton parapluie. Et les Tupperware, je les ai oubliés quand je suis allée manger chez ma copine. Je n’aime vraiment pas ces céréales, tu pourrais en racheter des bio ?

Non

Non, je n’ai pas pris mon levothyrox, ça me gonfle, le truc qu’on doit prendre une demi-heure avant de déjeuner, ils sont dingues ou quoi, genre tout le monde se prélasse le matin ; je suis à la bourre, moi, je n’ai pas le temps. Pourquoi tu me regardes comme ça ? C’est moche, mon maquillage ? J’ai mis de l’eyeliner, eh ben oui, ça change. Qui peut donner à manger à Fifield ? Parce que moi je suis à la bourre. Suis Mamie, ma chérie, elle va te donner tes croquettes.

Je

Je ne sais pas ce que je vais manger ce midi. Il y a des restes ? Je peux prendre un morceau de quiche ? Tu avais mis quoi dans la salade ? Non, en fait, je n’aime pas. Tu n’as pas un peu de monnaie ? Ben si, j’ai déjà tout dépensé. Non, ce n’est pas moi qui ai pris le coupe-ongles. On m’accuse toujours de tout dans cette maison ! Oui, je la rangerai ce soir, ma chambre, si ça peut vous faire plaisir. Pff… j’en peux plus. Papa prend quel train ? Je vais prendre le suivant, je suis trop à la bourre. »
Voilà ! Le petit ballet du matin. Ysé part, on respire. La maison redevient calme.

11Jour de pose
11Et le naturel, dans tout ça ?
11Jour morose
11Jour de neige
  1. Jour de pose
  2. Et le naturel, dans tout ça ?
  3. Jour morose
  4. Jour de neige

Les cailloux blancs

Semer

Les parents ne font-ils rien d’autre pour leurs enfants que semer des repères, de petits cailloux blancs, miroitant quand il fait trop sombre, distillant une lumière constante et sûre ? Ne cherchent-ils pas sans cesse à tracer des chemins d’amour, que leurs enfants n’emprunteront peut-être plus, une fois devenus grands, mais dont ils garderont le tracé enfoui quelque part en eux ?
J’espère, ma fille, ma si grande, ma princesse du bout du monde, t’avoir suffisamment ensemencée d’amour et de confiance en toi.
Je ne t’ai pas mise au monde ; néanmoins, je t’ai placée au cœur du monde, là où il palpite, là où il s’invente. Et je sais que tu ne resteras pas au bord du chemin, mais que tu sauras empiler tes pierres de bâtisseuse.

S'adapter

Je viens de relire une phrase de Maria Montessori, la célèbre pédagogue italienne. « N’élevons pas nos enfants pour le monde d’aujourd’hui » dit-elle « Ce monde n’existera plus lorsqu’ils seront grands. Et rien ne nous permet de savoir quel monde sera le leur : alors, apprenons-leur à s’adapter. »
Dès le début de ta vie, il t’a fallu apprendre à t’adapter. Et tu es plutôt douée pour cela. Je te revois, dans des situations nouvelles, observant, calmement, jaugeant, puis, une fois le tour de la question fait, te lançant dans l’action. Il nous a toujours semblé primordial, à ton papa et moi, de ne pas trop te protéger pour te permettre de te confronter à toutes sortes de situations et gagner peu à peu confiance en toi. En acceptant les défis, on devient un être libre.

Désirer

Je viens de passer un mois à regarder défiler vingt ans de ta vie et toutes ces situations qui t’ont permis de grandir. Dans les albums photos, au travers de nos lettres et tous les souvenirs empilés ici ou là, je t’ai vue à nouveau grandir, en accéléré, et j’en sors comme étourdie. Un peu nostalgique, aussi. Je désirais tant de choses pour toi, alors que tu n’avais que quelques mois ! Ai-je assez construit ? T’ai-je assez transmis ? N’ai-je rien gâché ?
Je sais qu’il est ridicule de gémir sur le temps qui passe, stérile d’avoir des regrets !
Maintenant que le livre de ma « grande petite » est presque fini, je vais pouvoir lever les yeux de mes pages et envisager l’avenir avec toi. Oh ! Que je l’imagine radieux ! Combien encore ai-je envie de partager !

Grandir

Toi, tu appréhendes un peu ces vingt ans, avec tous leurs possibles à portée de main et tous les doutes qui les accompagnent. Cela prend du temps de s’élever au rang de ses propres rêves. Sois patiente. Sois confiante.
Un mot te va bien : ardente. Tu es ardente. Tu as la joie sauvage des passionnés. Essaie de toujours garder en toi cette pulsation vive qui t’entraîne vers les flux du monde. Porte sur la vie un regard optimiste, quoi qu’il en soit. Tout est histoire de regard, tu le sais. Nous t’avons suffisamment parlé du verre à moitié plein ou à moitié vide !
Garde ce goût que tu as pour les autres. Pour peu qu’ils soient bienveillants, ils te feront grandir. Par-delà nos différences, comme tu m’as permis de grandir, de m’agrandir !

Être

Ne triche pas avec qui tu es ; ne te joue pas le grand jeu, en contournant tes manques, en masquant tes erreurs. Rapproche-toi de celle qui est en devenir, se cherche et s’invente.
Je te revois petite fille, si pleine de gaieté, de créativité et d’énergie. Je te regarde aujourd’hui, jeune femme, dessinant elle-même la cartographie de sa vie. Et ces deux-là, je les aime, d’un même amour, et les larmes me viennent tout autant quand je pense à l’une ou à l’autre.
Hier soir encore, tu disais ta peur de perdre celui ou celle à qui tu donnes ton amour ou ton amitié. Ta tendance à rompre toi-même le lien, par anticipation, pour être sûre de n’avoir pas à souffrir.
Je te le dis, avec tout mon amour de maman : sois sans crainte, tu es infiniment digne d’être aimée.