Annette Wieviorka est historienne de la Shoah, dont elle dit « qu’elle est un événement inouï, incompréhensible : on peut l’approcher encore et encore, son noyau dur reste inaccessible ». Son histoire familiale est à l’origine de son métier.
Après la rafle du 16 juillet 1942, sa famille maternelle a quitté son appartement de la rue Rochechouart pour aller se cacher. Quand elle est rentrée, l’appartement était vide. Toute trace de sa vie avant ce mois de juillet avait disparu, qu’il s’agisse de photos, d’objets ou de documents officiels. Or, la mémoire s’attache à des photos, des objets ou des lieux ; elle redonne vie aux êtres à travers ces supports tangibles. À partir du moment où l’on n’a plus rien, ce ne sont pas seulement ses biens qui sont attaqués – et l’on ne parle pas de valeur marchande, les photos n’en ont pas –, c’est la mémoire qui est éradiquée. On n’a absolument plus rien permettant de se souvenir de qui était qui. On sait combien les enfants aiment que leurs parents ou grands-parents leur racontent leur enfance. Mais certaines générations n’ont plus aucune photo à montrer. Il s’agit d’un véritable mémocide, dans la mesure où tout a été pillé.
France Culture 25/04/2020 – Une histoire particulière : Les pianos orphelins.
Avec Annette Wieviorka, historienne.
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